Sappho est la plus éminente des neuf poétesses grecques dont la tradition nous a gardé la trace. Ses vers rayonnants de grâce, de naturel, de détresse parfois, ont émerveillé l'Antiquité et nous enchantent encore. Jusqu'au VIIe après J.-C., l'intégralité de ses vers avait été sauvegardée. Mais le triomphe du christianisme a largement contribué à la destruction de son oeuvre. Le seul poème qui nous soit parvenu en sa totalité est l'Hymne à Aphrodite que le Pseudo Longin a eu la bonne idée de recopier dans son Traité du Sublime et dont un papyrus nous a confirmé récemment l'authenticité. Pendant longtemps, les érudits n'ont eu à leur disposition pour connaître l'oeuvre de la Lesbienne que cet hymne et un fragment recueilli par le rhéteur Denys d'Halicarnasse auquel on avait donné le titre À une aimée. Il a fallu attendre le travail des philologues allemands du XIXe siècle pour dresser une liste sérieuse des fragments de Sappho à partir des citations des grammairiens antiques et des recueils de morceaux choisis opérés par les lexicographes byzantins au moyen âge. A la fin du XIXe siècle, la découverte de papyrus à Oxyrhyncos, permit d'enrichir notre connaissance de la poésie sapphique. 1700 vers découverts à ce jour dont six-cent cinquante sont lisibles. Sur la base des textes anciens et des restaurations les plus fiables, Philippe Renault nous donne ici à lire, dans une excellente traduction (parfaitement inédite) l'oeuvre sauvée de la plus grande poétesse de tous les temps. Outre la traduction intégrale des poèmes et des fragments de Sappho, cet ouvrage contient les évocations, hommages et témoignages de Platon, Dioscoride, Méléagre, Antipater de Sidon, Tullius Laurea, Pinytos, Antipater de Thessalonique, Christodore, Démocharis, Ovide, Horace, Porphyre, Elien, Tatianos, Denys d'Halicarnasse, et du Pseudo-Longin. On y trouvera aussi les traductions comparées de l'Ode à une Aimée par Ronsard, Boileau,Madame Dacier, Alexandre Dumas, Renée Vivien, Théodore Reinach, Robert Brasillach et Marguerite Yourcenar.