Six mois après la disparition d'Alexandre Soljenitsyne, " Pavillons Poche " rend hommage à l'écrivain d'exception en publiant l'une de ses oeuvres qui a exercé la plus grande influence sur la littérature soviétique.
Après une dizaine d'années d'internement dans un désert poussiéreux et brûlant, Ignatitch éprouve un grand désir de fraîcheur, de tranquillité et de forêts bruissantes. À l'été 1956, Il se rend au coeur de la vraie Russie et prend un poste de professeur de mathématiques dans le village de Talnavo. Une vieille femme, Matriona Vassilievna, accepte de l'héberger dans son isba. Dans le silence et le respect de l'autre, ils partageront leur maigre fortune et leur solitude.
D'inspiration nettement autobiographique, cette longue nouvelle raconte le retour aux sources de l'auteur, la vie misérable de son peuple, incarné par une Matriona résignée et lasse et son exemplaire humanité.
La brave femme, d'une grande force physique malgré la maladie qui la mine, accepte n'importe quelle corvée et se laisse dépouiller du peu qu'elle possède. La dernière phrase de cette nouvelle d'une soixantaine de pages illustre toute la générosité de Matriona et ce qu'elle représente pour son prochain : " Elle n'avait rien amassé pour l'heure de sa mort. Une chèvre d'un blanc pisseux, un chat éclopé, des ficus. Tous nous avions vécu auprès d'elle sans comprendre qu'elle était le juste du proverbe sans lequel il n'est village qui tienne. Ni ville. Ni notre terre entière. " Écrit en 1959, La Maison de Matriona a paru dans la revue Novy Mir en 1963 et fut publié pour la première fois en France chez Julliard en 1966.
Depuis la création de " Pavillons Poche " en 2005, deux romans d'Alexandre Soljenitsyne ont déjà paru : Le Premier Cercle en mars 2007 et Zacharie l'Escarcelle en mai 2008. La collection publiera, à raison d'un titre par an et jusqu'en 2012, l'oeuvre du Nobel de littérature.
